Le leader, le collectif et le projet
Billets du management : mars 2017
Participant à un jury, j’ai le souvenir d’un projet d’étudiants innovant, cohérent voire même brillant et pourtant l’équipe fut recalée. Tout simplement parce qu’elle n’avait pas su montrer son collectif, sa capacité à travailler et produire ensemble. Une seule personne maitrisait la présentation. Les autres semblaient inhibées. L’impression sur nous, les jurés, fut désastreuse.
Lors du cocktail, j’échangeais avec la « présentatrice » déçue qui ne comprenait pas cet échec. « J’ai travaillé des heures, les autres ne se sont pas impliqués, on a commencé à 8 et fini à 5. A cause d’eux, je suis pénalisée… ». Sa surprise fut grande quand je lui expliquais que la capacité à fonctionner ensemble était primordiale pour le jury. Sans équipe, pas de projet.
Tout leader est regardé dans sa compétence à entrainer, mobiliser. Parfois il est préférable de « perdre » du temps à échanger, faire émerger des désaccords, réajuster l’ambition et privilégier le collectif. Avancer seul, c’est avancer contre le projet.
Et vous, quelles sont vos expériences sur ce sujet ?
31 mars 2017
Je trouve cet article formidable parce qu’il montre que la réussite n’est pas que dans l’atteinte de l’objectif. On est plus intelligents à plusieurs disait Aristote. Mais aussi plus lents à coordonner cette intelligence.
Je m’appuie sur une expérience récente, celui du désir émergent d’un groupe d’entrepreneurs culturels. Le désir est existant, urgent : 3 mois pour réaliser une oeuvre collective. Créer collectivement dans une culture où l’ego de l’individu est indissociable de la créativité, pose une question : peut-on faire oeuvre collective ?
Le groupe s’est constitué, les rôles distribués et le désir s’est essoufflé. Les idées perdent de leur fougue quand elles se frottent au réel. L’attente du leader pèse sur les épaules, plus ça pèse et moins il y a de créativité. Les tensions sont là mais le leader met en place des stratégies d’évitement. Au bout de deux mois, je suis confrontée à plusieurs questions : est-on accordé sur le même objectif, la même approche ? Avons-nous le même désir ?
Il reste un mois pour boucler l’oeuvre collective. Se poser ces questions est peut-être tard…
31 mars 2017
Merci Fatima pour ce commentaire très intéressant et concret.
Superbes questions Fatima auxquelles je rajouterai :
– Qui souhaite continuer à participer à l’aventure ?
– Quel objectif réaliste et assez ambitieux nous donnons-nous à partir de maintenant pour le mois qui reste ?
– Qui coordonne ce projet ? Est-ce le leader actuel ? Est-ce une autre personnes ?
La créativité nait le plus souvent d’une contrainte donc vous n’aurez pas perdu votre temps en prenant le temps de vous ajuster après avoir constaté que cela n’avance pas.
Sans oublier de poser les questions : qui fait quoi ? quand ? où ? comment ? Avec un point d’étape hebdo, ou plus si besoin, tous ensemble pour s’ajuster, évoluer ou réorienter les actions dans un principe de réalité.
Le leader en osant poser ces questions pourra retrouver sa place car ainsi il sort de l’évitement ou passer le relais, si c’est possible dans le contexte.
Ainsi la force de votre collectif pourra émerger dans votre créativité et surtout vous pourrez, fort de cette expérience, en vivre d’autres. Car vous aurez fait de sacrés apprentissages en passant d’un mode à un autre.
On veut savoir la suite Fatima !
25 avril 2017
Merci beaucoup Marie-Laure pour ces précieux conseils qui ont été fort utiles.
L’aventure arrive à terme parce que ce jeudi 27 avril, l’oeuvre collective sera exposée au rue du temple dans le 3e arrondissement.
Merci infiniment.
Fatima
25 avril 2017
Ouaaaaaahhhh ! Merci Fatima pour cette bonne nouvelle. Est-ce possible d’avoir une photo à défaut d’y aller ?
Bravo à tous !